Cette étude de cas illustre les points suivants :
- Plaidoyer pour le financement de la vaccination
- Importance des compétences de plaidoyer
- Élaboration d’une stratégie de plaidoyer
- Le pouvoir des partenariats multisectoriels
- Action à tous les niveaux gouvernementaux et communautaires
La crise politique qui a frappé la Côte d’Ivoire entre 2002 et 2011 a entraîné une augmentation généralisée des besoins sanitaires du pays, en particulier au niveau des son programme de vaccination. De plus, le gouvernement a mis en œuvre une nouvelle politique de décentralisation qui renforce la nécessité de mettre en place des efforts coordonnés et étendus à tous les systèmes de santé.
Plaidoyer pour l’obtention de budgets et d’allocations de financement
Les personnes impliquées dans les activités de vaccination en Côte d’Ivoire ont dû se convertir en agents de plaidoyer pour mobiliser des ressources pour le financement de la vaccination. Des efforts de plaidoyer sont nécessaires pour continuer à sensibiliser sur les avantages de la vaccination et sécuriser les ressources nécessaires pour atteindre les buts du programme de vaccination.
Le processus de préparation du budget national de Côte d’Ivoire permet aux représentants des différents ministères de justifier leurs budgets. Toutefois, les représentants du ministère des Finances ne connaissaient pas bien les problématiques liées à la santé. Les parties prenantes de la vaccination, y compris le personnel du ministère de la Santé et des organisations de la société civile, ont donc mis sur pied des argumentaires justifiant la pertinence des activités planifiées et les implications budgétaires qui en découlent. Cet exercice a été répété chaque année, avec des résultats variés, qui dépendaient beaucoup de la qualité des documents présentés et des compétences de plaidoyer des présentateurs.
Au niveau international, les dossiers de financement déposés auprès des bailleurs de fonds sont réglementés par des directives qui guident les parties prenantes. Pour les partenaires tels que Gavi, l’Alliance du Vaccin, le personnel du ministère doit plaider sa cause devant le Comité de Coordination Inter Agence (CCIA), qui valide le contenu du dossier. De plus, des efforts de plaidoyer sont également nécessaires au niveau national pour mobiliser la part du pays dans le cadre du mécanisme de cofinancement établi par Gavi. Même si ces initiatives ont permis au programme de mobiliser quelques ressources, elles n’ont pas toujours généré les résultats attendus. Parfois, les ressources financières ne permettaient pas toujours d’atteindre les buts espérés. De plus, il n’existait pas toujours de mécanismes visant à assurer la pérennité de ces initiatives.
Importance du renforcement des compétences de plaidoyer en faveur du financement de la vaccination
Les réussites, les difficultés et les leçons tirées ont appuyé la volonté d’élaborer un programme visant à renforcer les compétences de plaidoyer en faveur du financement de la vaccination. L’objectif du projet ADVIM (ADVocacy for IMmunisation financing) de l’Agence de Médecine Préventive (AMP) était de renforcer les compétences de plaidoyer des parties prenantes de la vaccination à tous les niveaux du système de santé. Le but d’ADVIM était de transformer les parties prenantes de la vaccination à tous les niveaux du système de santé en défenseurs de la vaccination et du financement de la vaccination, ainsi que de faciliter la mise en place d’un plaidoyer stratégique s’inscrivant dans un cadre multisectoriel et collaboratif.
Plaidoyer à tous les niveaux gouvernementaux et communautaires
Au niveau national, ADVIM s’est concentré sur les décideurs qui ont participé à la planification et au financement de la vaccination. L’idée était de mettre en place une équipe de plaidoyer multisectorielle pour la vaccination, réunissant des parties prenantes spécialisées dans la santé, l’économie et la planification, afin d’établir une coalition nationale pour le financement de la vaccination. Le rôle de cette coalition était de plaider en faveur du financement de la vaccination de routine, de l’introduction de nouveaux vaccins et des campagnes de vaccination. Ces efforts étaient dirigés vers le budget national, ainsi que vers des bailleurs de fonds internes et des organismes de financement externes et internes (Gavi, fondations privées, coopérations bilatérales, secteur public et secteur privé, médias nationaux, etc.).
Au niveau régional, ADVIM s’est concentré sur la mise en place d’une équipe spécialisée dans le plaidoyer en faveur du financement de la vaccination. Cette équipe a élaboré une stratégie de plaidoyer ciblant des gouvernements locaux, des ONG et des entreprises privées. Elle s’est appuyée sur les médias locaux pour diffuser ses messages.
Au niveau des districts, l’accent s’est porté sur la création d’une équipe spécialisée dans le plaidoyer en faveur du financement de la vaccination afin d’élaborer une stratégie ciblant les municipalités, les ONG et les entreprises privées. L’équipe a mobilisé la communauté et la société civile et s’est appuyée sur les médias locaux pour diffuser des messages de plaidoyer en lien avec le financement de la vaccination.
Les mécanismes et outils imaginés par le projet ADVIM ont été partagés avec d’autres pays d’Afrique subsaharienne sous forme de « meilleures pratiques ». En garantissant un financement pérenne, ADVIM soutient la durabilité du programme de vaccination et contribue ainsi à la réalisation de l’OMD 4 : « Réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans ».
Source: Initiatives de Plaidoyer pour le financement des vaccinations: cas de la Côte d’Ivoire – Etude de Cas (ADVIM – Amp) Oct 2011